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Vous trouverez sur cette page les notes ad hoc de Charlotte De Montpellier, senior économiste, proposant une analyse de l'actualité macroéconomique française.

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La note du 31 mai 2023 - La consommation plonge, l'inflation ralentit

La note du 25 mai 2023 - Le climat des affaires se dégrade partout en France, un tournant important

La note du 17 mai 2023 - Le chômage est toujours historiquement faible, pour le moment

La note du 28 avril 2023 - Le PIB progresse de 0,2% grâce aux exportations

La note du 28 avril 2023 - L'inflation augmente à nouveau, mais les pressions inflationnistes diminuent

La note du 20 avril 2023 - Les perspectives d'activité s'assombrissent

La note du 05 avril 2023 - Malgré le rebond, les perspectives pour la production industrielle restent peu réjouissantes

La note du 31 mars 2023 - L'inflation diminue, mais pas énormément, et la consommation chute

La note du 28 mars 2023 - Le climat des affaires indique une économie résiliente

La note du 03 mars 2023 - La production industrielle française chute

La note du 28 février 2023 - L'inflation continue d'augmenter, la consomation rebondit légèrement

La note du 22 février 2023 - L'économie française résiliente, selon le climat des affaires

La note du 03 février 2023 - La production industrielle française continue de rattraper son retard

La note du 31 janvier 2023 - L'inflation française augmente encore en janvier

La note du 31 janvier 2023 - La France échappe à la récession, pour le moment

La note du 24 janvier 2023 - Les entreprises françaises tablent sur un ralentissement économique de courte durée

 

La consommation plonge, l’inflation ralentit

Le deuxième trimestre a mal commencé en France, la consommation des ménages ayant chuté pour le troisième mois consécutif en avril et les perspectives sont revues à la baisse. Dans un contexte de baisse de la demande, les pressions inflationnistes se modèrent plus rapidement qu’attendu.

La consommation continue de plonger

En avril, pour le troisième consécutif, les dépenses de consommations des ménages en biens ont chuté. Cette fois, la baisse est 1% sur le mois, après une baisse de 0.8% en mars. La consommation des ménages en biens est inférieure de 4.3% à celle d’il y a un an et 6.3% à son niveau d’avant pandémie. La chute est due à la baisse de la consommation d’énergie (- 1.9% sur un mois) et à une nouvelle baisse de la consommation alimentaire. Celle-ci est désormais 11% inférieure à son niveau pandémie ! L’ampleur de la chute montre l’impact important du contexte inflationniste et de la baisse du pouvoir d’achat qui a conduit les ménages à nettement modifier leurs habitudes de consommation.

Ces données étaient très attendues car ce sont les premières données d’activité réelle disponible pour le deuxième trimestre. Et le moins que l’on puisse dire est que le deuxième trimestre a mal commencé. Il est désormais clair que l’économie française ralentit fortement. En outre, il est peu probable que la consommation puisse contribuer positivement à la croissance du PIB au deuxième trimestre, a fortiori dans un contexte où le ralentissement commence à avoir un impact sur le marché du travail, comme le laisse penser les données du climat de l’emploi publiée par l’Insee la semaine passée. La perspective d’un redressement plus tard dans l’année semble en outre peu probable. Cela nous conduite à revoir légèrement à la baisse nos perspectives de croissance. Nous tablons désormais sur une croissance du PIB de 0.6% en 2023 et de 0.7% en 2024, avec des risques orientés à la baisse. Bien que la France ait échappé à la récession l’hiver dernier, les indicateurs d’aujourd’hui viennent rappeler qu’une récession dans les prochains mois ne peut être exclue.

Forte modération des pressions inflationnistes

Dans ce contexte de demande qui baisse, les pressions inflationnistes se modèrent. L’inflation s’est établie à 5.1% en mai, en baisse par rapport au 5.9% observé en avril, tandis que l’indice harmonisé, important pour la BCE a atteint 6% en mai contre 6.9% en avril. La bonne nouvelle est que le repli de l’inflation est désormais visible dans toutes les catégories de consommation. Ainsi, l’inflation énergétique se replie nettement, pour atteindre 2% en glissement annuel en mai. Contrairement aux autres pays européens, elle reste néanmoins positive, la hausse des factures énergétiques des ménages ayant eu lieu début 2023 et pas en 2022 en raison du « bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement. L’inflation alimentaire reste très élevée mais commence à diminuer, pour s’établir à 14.1% en mai contre 15% en avril. A 4.1% en glissement annuel, contre 4.6% en avril, la croissance des prix des produits manufacturés se modère aussi, tout comme celle des services, qui s’établie à 3% contre 3.2% en avril. Ces deux dernières évolutions sont une très bonne nouvelle, car elles signalent que le pic d’inflation est derrière nous, mais aussi que la diminution de l’inflation dans les prochains mois devrait être rapide. En effet, les signes d’une modération des pressions inflationnistes s’accumulent. Ainsi, les tensions sur les chaines d’approvisionnement ont disparu et la croissance des prix à la production industrielle, qui donne une indication de l’évolution des coûts de production pour le secteur manufacturier, a très nettement ralenti, atteignant 5% sur un an en avril (contre 9.5% en mars). Sur un mois, les prix à la production sont en très net repli, de 4.1%, après +1.2% le mois précédent. Cela indique que la croissance des prix des produits manufacturés devrait décélérer nettement dans les prochains mois.

Par ailleurs, les prévisions des entreprises concernant les prix de vente se sont largement repliées en mai, notamment dans le secteur industriel et de la construction, mais aussi dans les services. L’inflation des services devrait donc continuer également à s’affaiblir dans les prochains mois. Enfin, compte tenu du recul des prix des denrées agricoles sur les marchés internationaux et de la faiblesse de la demande, l’inflation alimentaire devrait continuer à progressivement reculer, et de manière plus rapide une fois que l’impact des négociations entre fournisseurs et distributeurs aura été absorbé, donc au cours de l’été. In fine, l’inflation devrait donc diminuer dans les prochains mois, aidé par la faiblesse de la demande. Nous tablons sur une inflation à 4.7% en moyenne sur l’année (5.7% pour l’inflation harmonisé).

 

Le climat des affaires se dégrade partout en France, un tournant important

Le climat des affaires s’est dégradé en France en mai dans tous les secteurs, ce qui indique qu’ralentissement de l’activité économique est à attendre dans tous les secteurs, et ce dès le deuxième trimestre. Les pressions inflationnistes se modèrent fortement. 

Le climat des affaires s’est dégradé en France en mai, baissant de 2 points sur un mois pour atteindre 100, son niveau le plus bas depuis plus de deux ans. La détérioration est visible aussi bien dans le secteur des services, que l’industrie, le commerce de détail ou le commerce de gros. Aussi bien l’appréciation de la situation actuelle que celle des perspectives d’activité chutent partout.

Cela fait quelques mois que les signes d’un assombrissement des perspectives s’accumulent, mais jusqu’ici ceux-ci n’étaient pas majoritaires. Avec les indices PMI publiés hier, les données de mai sont cette fois limpides : un ralentissement de l’activité économique française est à attendre dans tous les secteurs, et ce dès le deuxième trimestre. Et ce ralentissement commence à avoir un impact sur le marché du travail, ce qui implique qu’il risque de perdurer pendant plusieurs trimestres. Le climat de l’emploi a ainsi diminué nettement en mai, pour atteindre 106, son niveau le plus bas depuis septembre 2021, en raison d’une appréciation plus négative de l’évolution des effectifs dans le secteur des services.

Compte tenu de ces premiers signes d’affaiblissement du marché du travail, mais aussi de l’assombrissement des perspectives selon les chefs d’entreprises, de l’inflation toujours très élevée, de la croissance mondiale attendue faible et de l’impact du resserrement monétaire qui commence à se faire réellement sentir, nous tablons sur une croissance du PIB faible dans les prochains trimestres, qui porterait la croissance 2023 à 0.6% et celle de 2024 à 0.7%, avec des risques orientés à la baisse. Bien que la France ait échappé à la récession l’hiver dernier, les indicateurs d’aujourd’hui viennent rappeler qu’une récession dans les prochains mois ne peut être exclue.

Avec cet affaiblissement généralisé, la France fait figure d’exception par rapport aux pays voisins. En effet, dans les autres pays européens, la divergence entre secteur manufacturier et secteur des services s’est accrue en mai, l’industrie étant plombé par le ralentissement économique mondial, tandis que les services bénéficient des gains de pouvoir d’achat liés à la baisse des prix de l’énergie et la hausse des salaires négociés. Au même moment, en France, cette divergence n’est pas aussi importante. Et surtout, le ralentissement est visible partout, et donc également dans le secteur des services. Cette différence entre la France et les pays voisins est probablement due au contexte d’inflation totalement différent, l’inflation française ayant à nouveau augmenté en avril alors qu’elle diminue dans les autres pays, en raison d’une inflation énergétique toujours positive dans le contexte de « bouclier tarifaire ». Le plus gros choc de l’inflation sur le pouvoir d’achat a lieu en 2023 en France, alors qu’il a eu lieu en 2022 dans les pays voisins.

Du point de vue de l’inflation, le rapport apporte de bonnes nouvelles. Les prévisions de prix des entreprises sont en effet en baisse dans tous les secteurs d’activité. Et la baisse est particulièrement prononcée dans le secteur industriel, où la tendance prévue des prix de vente est repassée en dessous de sa moyenne de long terme. Un signe clair d’une forte diminution des pressions inflationnistes. Dans les services, la diminution est moins forte, mais les prix de vente prévus sont revenus à leur niveau de novembre 2021. Les prix prévus sont également en baisse dans le commerce et dans le bâtiment. Ces bonnes nouvelles devraient être accueillie avec soulagement par la BCE, car elles indiquent que l’inflation en France devrait entamer une descente assez nette dans les prochains mois.

 

Le chômage est toujours historiquement faible, pour le moment

Le taux de chômage en France s’est établi à 7.1% au premier trimestre, un niveau historiquement faible. Mais les signes de refroidissement du marché du travail s’accumulent et le taux de chômage risque d’augmenter à nouveau plus tard cette année.

Le chômage au plus bas

Le taux de chômage en France s’est établi à 7.1% au premier trimestre, un chiffre stable par rapport au quatrième trimestre 2022, et toujours historiquement faible. Il est désormais 1.1 points inférieur à son niveau d’avant crise sanitaire (8.2%) et 3.4 points plus faible que son pic de 2015. Ces signes viennent confirmer que ce que les chiffres d’emploi signalaient déjà: le marché du travail français, tout comme dans le reste de l’Europe, reste incroyablement solide. Ainsi, depuis début 2020, 1.2 millions d’emplois supplémentaires ont été créé en France, dont 85% dans le secteur des services. Il s’agit d’une hausse de 5.8% sur la période, ce qui est beaucoup plus rapide que la croissance du PIB (de 1.7% sur la période), qui indique que, depuis la pandémie, la croissance a été particulièrement intensive en emploi.

Si un marché du travail solide est généralement un soutien au pouvoir d’achat des ménages et peut soutenir la consommation, ces chiffres très bons ne suggèrent néanmoins pas une croissance économique plus dynamique dans les prochains mois. En fait, le taux de chômage est l’un des indicateurs économiques les plus retardé qu’il soit : la bonne performance du premier trimestre est surtout la conséquence de la croissance dynamique en 2021 et 2022. D’ailleurs, la dernière fois que le taux de chômage était si faible en France, c’était en 2007-2008, soit au début d’une récession importante.

De plus en plus de signes de refroidissement

Les perspectives pour 2023-2024 ne sont pas aussi défavorables qu’à l’époque, mais il n’empêche que les signes d’un refroidissement du marché du travail s’accumulent et que la suite s’annonce moins favorable. Par exemple, le ralentissement des embauches sous contrat d’intérim s’est accéléré dernièrement, ce qui est habituellement un signe avant coureur d’un affaiblissement plus généralisé du marché du travail, les entreprises commençant par couper dans l’emploi intérimaire face à un ralentissement de la demande avant de toucher à l’emploi interne. Le nombre de demandeurs d’emplois provenant de la fin d’une mission d’intérim est d’ailleurs en forte en hausse depuis six mois. En outre, selon les enquêtes auprès des entreprises, les intentions d’embauches des entreprises de tous les secteurs sont en baisse depuis quelques mois et la baisse s’est accentuée en avril, signe d’un affaiblissement attendu de la conjoncture économique. La baisse est particulièrement marquée dans le secteur des services et dans celui de la construction. Enfin, la proportion des entreprises qui estiment que le manque de main d’œuvre est une entrave à leur production est en baisse dans tous les secteurs, même si elle reste à un niveau historiquement élevé. Le rythme des créations d’emplois devrait donc nettement ralentir dans les prochains mois, et pourrait même devenir légèrement négatif dans la deuxième partie de l’année. Cela devrait conduire à une hausse du taux de chômage, pour atteindre 7.3% fin 2023 et 7.6% fin 2024 (définition BIT). La hausse attendue du chômage serait néanmoins modérée par rapport à l’ampleur du ralentissement économique prévu et une forte hausse diminution de l’emploi semble peu probable. Le marché du travail est en effet structurellement plus tendu, notamment en raison du vieillissement de la population, ce qui poussera les entreprises à faire davantage de la rétention d’emploi que durant les précédentes périodes de ralentissement économique.

 

Le PIB progresse de 0.2% grâce aux exportations

Le PIB français a progressé de 0.2% sur le trimestre, mais cette progression provient quasiment uniquement de la normalisation de la situation sur les chaines d’approvisionnement qui ont permis une forte progression des exportations. A côté de ça, la demande intérieure est en repli et les perspectives pour la suite de l’année restent ternes.

Les exportations permettent au PIB de progresser

En France, le PIB a augmenté de 0.2% au premier trimestre. La progression du PIB est à mettre sur le compte du commerce extérieur, qui contribue de 0.6 points à la croissance grâce à des exportations plus dynamiques que des importations (+1.1% sur le trimestre versus -0.6%). Le dynamisme des exportations provient surtout du rebond des exportations de matériel de transport (+9.5% sur le trimestre), rendu possible grâce à l’amélioration des contraintes sur les chaines de productions. En revanche, la consommation des ménages stagne sur le trimestre, après une chute de 1% au quatrième trimestre 2022. La France a évité de justesse une nouvelle chute de la consommation, grâce à un redressement de la consommation d’énergie (+3.7% vs -6.4% le trimestre précédent). Mais celui-ci est partiellement causé par la fin des aides du gouvernement au payement des factures d’énergie. La consommation alimentaire continue sa chute vertigineuse, en baisse de 2.3% sur le trimestre contre +3.1% le trimestre précédent. La consommation de biens par les ménages diminue de 0.2% sur le trimestre, mais les détails indiquent que la situation s’est très fortement détériorée au cours du trimestre, la consommation de biens chutant de 1.3% sur un mois en mars, après -0.8% en février et +1.6% en janvier. La formation brute de capital fixe total chute de 0.2% sur trimestre, mais celle des ménages se replie davantage, de 1.4%, en lien avec la forte hausse des taux d’intérêts qui plombe l’investissement en logement. La contribution de la demande intérieure à la croissance est donc négative, à - 0.1 points, tout comme celle des stocks, à -0.3 points. Notons que les données des deux trimestres précédents ont été revus à la baisse. Le PIB avait donc progressé de seulement 0.1 au troisième trimestre 2022 et avait stagné au quatrième trimestre, mais la croissance moyenne pour 2022 reste de 2.6%.

Les perspectives pour la suite de l’année demeurent ternes

In fine, la progression du PIB français au premier trimestre provient quasiment uniquement de la normalisation de la situation sur les chaines d’approvisionnement qui ont permis une forte progression des exportations. A côté de ça, la demande intérieure est en repli. Cela n’est pas de bon augure pour les prochains trimestres. En effet, les enquêtes auprès des entreprises indiquent que l’effet d’amélioration des chaines d’approvisionnement s’estompe et que les industriels sont assez négatifs pour les prochains mois, en lien avec le ralentissement économique mondial. Les exportations risquent donc de progresser beaucoup moins vite dans les prochains trimestres.

Dans le même temps, la confiance des consommateurs ne se redresse pas, contrairement aux autres pays européens, elle reste à un niveau historiquement faible. En outre, le taux d’épargne a recommencé à augmenter et, selon les enquêtes, les ménages veulent épargner davantage au cours des prochains mois. Cela implique que les ménages vont probablement beaucoup moins puiser dans leur épargne accumulée pendant le covid pour soutenir leur consommation. La progression de la consommation risque donc de rester très modérée, même si elle pourrait repartir légèrement à la hausse au deuxième trimestre avec la diminution des protestations et manifestations contre la réforme des retraites. Les investissements devraient rester très faible, dans un contexte de taux d’intérêt qui continuent à augmenter. Les perspectives pour la suite de l’année demeurent donc ternes. Nous prévoyons une croissance de 0.7% en 2023 et de 0.7% en 2024, après 2.6% en 2022

 

L'inflation augmente à nouveau, mais les pressions inflationnistes diminuent

L’inflation française augmente à nouveau en avril, en raison d’effets de base moins favorables. Bien que les pressions inflationnistes restent très élevées, plusieurs signes indiquent devraient s'atténuer progressivement et la faiblesse de la demande devrait aider. L’inflation française restera néanmoins supérieure à celle des autres pays européens pendant toute l’année.

L’inflation augmente à nouveau

Comme attendu, l’inflation augmente de nouveau en France en avril. Elle s’est établie à 5.9%, contre 5.7% en mars. L’indice harmonisé, important pour la BCE, s’établit à 6.9% contre 6.7%. Cette hausse est notamment due aux effets de base sur l’énergie, la baisse sur un an des prix des produits pétroliers étant moins marquée que celle de mars. L’inflation énergétique s’établie donc à 7% en avril, contre 4.9% en mars. Compte tenu du bouclier tarifaire qui a limité la hausse des prix du gaz et de l’électricité en France à 4% en 2022 et 15% en 2023, l’énergie continue à contribuer positivement à l’inflation française, contrairement aux autres pays européens qui ont vu les factures d’énergie baisser en 2023 après la très forte hausse de 2022.

Grâce à une décélération des prix des produits frais, l’inflation alimentaire ralenti pour s’établir à 14.9% sur le mois contre 15.9% en mars. Les prix de l’alimentation hors frais continuent d’être très dynamiques, dans la foulée des négociations entre fournisseurs et distributeurs d’alimentation conclues en mars conduisant à une augmentation des prix payés par la grande distribution à ses fournisseurs de l’ordre de 10%, qui se répercutent progressivement sur les prix de ventes. L’alimentation reste le premier contributeur à l’inflation française. En outre, le prix des services repart à la hausse, la croissance s’établissant à 3.2% sur un an en avril contre 2.9% en mars. L’inflation des prix des produits manufacturés diminue légèrement, pour s’établir à 4.7% contre 4.8% en mars.

Les pressions inflationnistes devraient s'atténuer progressivement

Plusieurs signes laissent penser que les pressions inflationnistes restent importantes mais s’atténuent, ce qui indique que l’inflation française devrait se mettre à diminuer dans les prochains mois. La croissance des prix à la production, qui donne une indication sur l’évolution des coûts de production, continue de diminuer nettement tous les mois. En mars, les prix à la production augmentaient de 6.5% par rapport à mars 2022, une progression bien moins rapide que les 30% observés lors du pic d’août et en baisse par rapport au 13.3% de février. Cette diminution des coûts de production sera néanmoins progressive et lente, l’évolution d’un mois à l’autre laissant penser que la situation est encore loin d’être normale.

Par ailleurs, les prévisions de prix de vente des entreprises se sont largement repliées en avril, notamment dans le secteur industriel et de la construction. Le repli est particulièrement marqué dans l’industrie, où les prévisions de prix de vente des entreprises se trouvent désormais au niveau de début 2021, avant la forte hausse de l’inflation. L’inflation des produits manufacturés devrait donc baisser dans les prochains mois. Dans les services, le repli des anticipations de prix n’est pas encore très marqué, ce qui indique que l’inflation des services pourrait prendre plus de temps avant de se normaliser. Enfin, compte tenu du recul des prix des denrées agricoles sur les marchés internationaux et de la faiblesse de la demande, l’inflation alimentaire devrait progressivement reculer, une fois que l’impact des négociations commerciales aura été absorbé, donc au cours de l’été.

In fine, l’inflation devrait donc diminuer dans les prochains mois, aidé par la faiblesse de la demande. Néanmoins, l’inflation en France devrait restée supérieure à celle observée dans les autres pays européens jusqu’à la fin de 2023. Cela s’explique par des « effets de base » moins favorables en France qu’ailleurs, les factures énergétiques des ménages français n’ayant quasiment pas augmenté en 2022 au moment où elles explosaient dans les autres pays. Cela avait permis une inflation bien plus modérée en 2022 en France que dans les pays voisins. À la suite de la hausse des prix du gaz et de l’électricité de 15% début 2023, les factures énergétiques des Français continuent d’augmenter en comparaison avec 2022, alors que dans les autres pays elles ont entamé une diminution progressive, dans le sillage de la forte chute des prix énergétiques sur les marchés internationaux. Nous tablons sur une inflation à 5% en moyenne sur l’année (5.6% pour l’inflation harmonisé).

 

Les perspectives d’activité s’assombrissent

Le climat des affaires s’est détérioré en avril en France, à la suite d’une détérioration des perspectives d’activité et de demande. Ce n’est pas de bon augure pour la croissance économique dans les prochains mois. Pour la première fois, les pressions inflationnistes se modèrent nettement.

Le climat des affaires signale un assombrissement des perspectives

Alors que le contexte social est perturbé depuis plusieurs semaines en France, les données du climat des affaires d’avril viennent apporter des éléments importants pour comprendre la situation conjoncturelle de l’économie française à l’entame du deuxième trimestre. Bien que, depuis le début de l’année, l’activité économique française montrait des signes de résilience, il semble que le contexte économique s’assombrit désormais. Ainsi, le climat des affaires s’est détérioré en avril pour s’établir à 102 contre 103 en mars, un chiffre toujours supérieur à sa moyenne de longue période. Si l'évaluation de la situation actuelle est encore correcte, les composantes de l’indice relatives aux perspectives d’activité, de demande et des carnets de commandes se détériorent nettement, aussi bien dans le secteur des services que de l’industrie. Cela signale une vision beaucoup moins positive des chefs d’entreprises concernant les perspectives pour l’économie française dans les prochains mois, ce qui n’est pas de bon augure pour la croissance économique.

Modération des pressions inflationnistes

La seule bonne nouvelle du rapport est le net repli des prix de ventes prévus par les industriels et les commerçants et le léger repli des prix prévus dans le secteur des services et du bâtiment. C’est la première fois que l’on observe une vraie modération des pressions inflationnistes en France, ce qui laisse penser que l’inflation des prix à la consommation devrait graduellement diminuer au cours des prochains mois. C’est une bonne nouvelle pour la BCE, même s’il est probable que l’inflation en France reste supérieure à celle observée dans les autres pays européens jusqu’à la fin de 2023. Cela s’explique par des « effets de base » moins favorables en France qu’ailleurs, les factures énergétiques des ménages français n’ayant quasiment pas augmenté en 2022 au moment où elles explosaient dans les autres pays. Cela avait permis une inflation bien plus modérée en 2022 en France que dans les pays voisins. À la suite de la hausse des prix du gaz et de l’électricité de 15% début 2023, les factures énergétiques des Français continuent d’augmenter en comparaison avec 2022, alors que dans les autres pays elles ont entamé une diminution progressive, dans le sillage de la forte chute des prix énergétiques sur les marchés internationaux. Nous tablons sur une inflation à 5% en moyenne sur l’année (5.6% pour l’inflation harmonisé).

Croissance faible à prévoir

In fine, les données du climat des affaires indiquent que le rythme de croissance de l’économie française sera probablement très faible au cours des prochains trimestres. Alors que la croissance du PIB a probablement été légèrement positive au premier trimestre, une accélération au deuxième trimestre semble peu probable, compte tenu du contexte social perturbé, du ralentissement économique mondial, de la hausse des taux d’intérêts et de l’inflation toujours très élevée. Une croissance de l’ordre de 0.1% en glissement trimestriel est attendue pour le deuxième trimestre. En outre, pour la deuxième partie de l’année, les perspectives de l’économie française demeurent ternes. Nous prévoyons une croissance de 0.6% en 2023 et de 0.7% en 2024, après 2.6% en 2022.

 

Malgré le rebond, les perspectives pour la production industrielle restent peu réjouissantes

La production industrielle a rebondi en France en février, mais pas suffisamment pour compenser la baisse de janvier. Les activités intensives en énergie restent très impactées par le choc énergétique. Ces données confirment un contexte économique de croissance plutôt terne.

Depuis le début de l’année, il est clair que l’activité économique en France montre certains signes de résilience. La confiance des entreprises reste notamment très solide malgré le contexte global plus défavorable, la hausse des taux d’intérêts et les tensions sociales autour de la réforme des retraites. Les données de la production industrielle de février viennent confirmer cela.

En effet, la production industrielle a rebondi en France, augmentant de 1.2% sur le mois, après la baisse (révisée légèrement à la hausse) de 1.4% en janvier. La production manufacturière est également en hausse, de 1.3% après la chute de 1.5%. La plupart des branches d’activités voient leur activité progresser sur le mois, la hausse étant particulièrement forte dans la fabrication de matériels de transport. Sur un an, la production manufacturière des trois derniers mois est en hausse de 1.7%, grâce notamment au rebond de la production automobile lié à la diminution des tensions sur les chaines d’approvisionnement. Les activités intensives en énergie sont néanmoins en très forte baisse sur un an, de 25.9% pour la sidérurgie, de 22.5% pour la fabrication de papier et carton et de 19.9% pour la fabrication de produits chimiques. De ces données, on peut conclure que le choc énergétique continue à avoir un impact sur l’activité économique française, malgré la baisse des prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Compte tenu du délai pour que les évolutions des prix internationaux se répercutent sur les factures des entreprises, il est probable que la production dans les activités intensives en énergie reste freinée dans les prochains mois.

Ces données indiquent que la tendance pour la production industrielle française est toujours un ralentissement, mais ce ralentissement est progressif, et ne ressemble pas à un écroulement, notamment grâce à la normalisation de la situation sur les chaines d’approvisionnement. En effet, la progression de l’activité en février n’est pas suffisante pour compenser la baisse de janvier. En outre, il est probable que les tensions sociales entourant la réforme des retraites se traduisent en mars par une activité industrielle moins dynamique dans certaines branches, avant un rebond dans les mois suivant. Au total, sur le trimestre, l’activité industrielle risque de diminuer, ce qui contribuera négativement à la croissance économique du premier trimestre. Dans le même temps, les données indiquent que le contexte inflationniste pèse sur la consommation des ménages, principalement en biens. Compte tenu de la chute du volume de la consommation des ménages en biens de 0.8% sur un mois en février, le dynamisme de la croissance risque de rester faible. Nous prévoyons une croissance trimestrielle légèrement positive au premier trimestre, de l’ordre de 0.1%.

Les perspectives de l’économie française pour les prochains trimestres demeurent modérées. Le contexte de croissance mondiale faible risque de peser sur les exportations et le secteur industriel. Le contexte d’inflation pourrait continuer à peser sur la consommation des ménages. En outre, le plein effet du resserrement de la politique monétaire va probablement commencer à se faire sentir, plombant l’investissement des ménages et des entreprises. Nous prévoyons une croissance de 0.7% en 2023 et en 2024, après 2.6% en 2022.

 

L'inflation diminue, mais pas énormément, et la consommation chute

L’inflation a diminué en France en mars, grâce aux effets de base sur les prix de l’énergie. Néanmoins, les pressions inflationnistes sous-jacentes restent très élevées et l’inflation alimentaire va continuer à augmenter. Une mauvaise nouvelle pour la croissance, qui sera faible, comme le confirment les données de consommation en baisse en février.

 

L’inflation baisse, grâce à l’énergie

Comme attendu, l’inflation globale a baissé en France en mars, pour s’établir à 5.6% contre 6.3% en février. L’indice harmonisé, important pour la BCE, s’établit à 6.6% contre 7.3%. Cette baisse de l’inflation est due principalement aux effets de base des prix de l'énergie, qui ont augmenté en mars de l'année dernière lorsque la guerre en Ukraine a commencé. L’inflation énergétique s’est ainsi établie à 4.9% en mars contre 14.1% en février. Compte tenu du bouclier tarifaire qui a limité la hausse des prix du gaz et de l’électricité en France à 4% en 2022 et 15% en 2023, l’énergie continue à contribuer positivement à l’inflation française, contrairement aux autres pays européens qui ont vu les factures d’énergie baisser en 2023 après la très forte hausse de 2022. Par ailleurs, la hausse du prix du tabac décidée par le gouvernement pousse les prix du tabac a augmenté de 7.8% sur un an en mars (contre +0.2% en février). L’inflation alimentaire continue également d’augmenter, de 15.8% sur un an en mars, contre 14.8% en février. L’alimentation est désormais largement le premier contributeur à l’inflation en France. Dans le même temps, l’inflation des produits manufacturés augmente de 4.7% à 4.8%. Malgré la baisse de l’inflation globale, les pressions inflationnistes sous-jacentes restent toutefois très élevées en France. Le fait que les prix à la consommation augmentent de 0.8% sur un mois en mars, ce qui nettement supérieure aux moyennes historiques, n'incite pas à se réjouir. Le seul élément positif est la légère baisse de l’inflation des services, de 3% à 2.9% en mars, due notamment au repli des prix des services de transports, qui indique que les hausses du SMIC n’ont pas conduit à une forte hausse des prix de l’ensemble des services, jusqu’à présent. Les transports bénéficient également de la baisse des prix des carburants.

Quelles perspectives pour l’inflation ?

Dans les prochains mois, l’inflation alimentaire devrait rester le plus grand contributeur à la hausse des prix à la consommation en France. Malgré la baisse des cours mondiaux des matières premières alimentaires, l’inflation alimentaire continuera probablement à augmenter à court terme. En effet, les hausses de coûts des derniers mois vont continuer à se répercuter sur les prix alimentaires, comme en témoignent les récentes négociations commerciales, qui vont conduire à une augmentation des prix payés par la grande distribution à ses fournisseurs de l’ordre de 10 %. L’impact de ces négociations ne devrait toutefois pas être immédiat sur les prix mais progressif au cours du deuxième trimestre 2023.

Selon l’INSEE, les prix à la production demeurent dynamiques dans l’industrie, augmentant de 13% sur un an en février contre 14.5% en janvier, mais décélèrent. Cela implique que les pressions inflationnistes des produits manufacturés vont commencer à s’amoindrir dans les prochains mois. En outre, les enquêtes pour le mois de mars indiquent que les entreprises sont moins nombreuses à anticiper des prix plus élevés. Même si les anticipations de prix restent historiquement élevées, elles ont commencé à diminuer dans tous les secteurs. Sous l’hypothèse des prix de l’énergie qui restent plus bas qu’en 2022, l’inflation globale devrait s’établir en moyenne à 5% en 2023 (5.9% pour l’indice harmonisé), avec une diminution marquée dès la fin de l’été. Néanmoins, l’inflation devrait terminer l’année au dessus de 3%.

La consommation diminue

Cette décrue attendue de l’inflation s’inscrit dans un contexte de ralentissement de la demande globale, et de la croissance, attendu en France en 2023. Les données sur la consommation des ménages en biens pour le mois de février, publiées ce matin par l’INSEE viennent une fois encore confirmer cela. Les dépenses de consommation ont en effet diminué de 0.8% en volume sur un mois, après la hausse de 1.7% en janvier – hausse qui était tronquée par des effets statistiques liés à la disparition du chèque énergie. La consommation baisse dans toutes les catégories de produits, et la baisse est particulièrement forte dans l’alimentaire (-1.2% sur le mois). Bien que la consommation des services résiste probablement davantage, on peut conclure de ces données que la consommation des ménages ne sera pas un moteur à la croissance économique au premier trimestre. Nous tablons sur une croissance trimestrielle de 0.1%, et les risques sont orientés à la baisse, notamment en raison des contestations sociales de mars qui pourraient avoir temporairement négativement impacté l’activité. La croissance ne devrait pas être beaucoup plus dynamique pour la suite de l’année, l’activité étant entravée par la hausse des taux d’intérêts, le ralentissement économique mondial et le contexte d’inflation. Nous tablons sur une croissance faible du PIB de 0.7% pour l’ensemble de 2023, et de 0.7% en 2024 (contre 2.6% en 2022).

 

Le climat des affaires indique une économie résiliente

Le climat des affaires n’a que très légèrement diminué en mars malgré les tensions sociales autour de la réforme des retraites. Cela vient confirmer que l’activité en France se montre résiliente, même si les perspectives pour les prochains trimestres demeurent modérées.

 

Légère diminution du climat des affaires 

En France, le climat des affaires a légèrement diminué en mars, pour s’établir à 103 contre 104 en février. L’indicateur reste toujours supérieur à sa moyenne de long terme, et fait preuve d’une remarquable stabilité depuis le mois de juin, oscillant entre 102 et 104. La diminution du mois de mars s’explique par le fait que, dans tous les secteurs, les chefs d’entreprises sont un peu moins optimistes concernant l’activité passée et l’activité prévue. Néanmoins, dans l’industrie, les carnets de commandes continuent d’augmenter, alors que dans le commerce les intentions de commandes de détail sont en forte baisse. Le climat des affaires vient confirmer que l’activité en France en ce début d’année se montre un plus résiliente qu’on aurait pu l’anticiper il y a quelques mois. Bien qu’un peu moins optimistes pour la suite, les entreprises restent assez confiantes, et ce malgré les tensions sociales qui entourent la réforme des retraites et limitent l’activité dans certains secteurs. Les précédentes expériences de tensions sociales en France montrent que l’impact économique est généralement temporaire et entièrement compensé par un rebond de l’activité dans les mois suivants. Si l’impact sur la croissance en 2023 devrait être proche de 0%, on ne peut exclure que les tensions sociales réduisent de 0.1 à 0.2 point la croissance du premier trimestre par rapport à un scénario sans tension, avant un rebond équivalent au deuxième trimestre. Le fait que le sentiment économique se maintienne est une bonne nouvelle pour la croissance économique du début d’année, mais ce n’est pas synonyme d’une activité économique très dynamique dans tous les secteurs. La production industrielle avait chuté en janvier et pourrait continuer à être faible, et ce malgré l’amélioration continue sur les chaines d’approvisionnement. Nous prévoyons une croissance trimestrielle légèrement positive au premier trimestre, de l’ordre de 0.1%.

Qu'attendre de la suite ?

Les perspectives de l’économie française pour les prochains trimestres demeurent modérées. Le ralentissement économique mondial risque de peser sur les exportations et le secteur industriel. Le contexte d’inflation pourrait continuer à peser sur la consommation des ménages. En outre, le plein effet du resserrement de la politique monétaire va probablement commencer à se faire sentir, plombant l’investissement des ménages et des entreprises. A ce titre, l'impact des récentes turbulences liées aux banques (américaines et suisses) sur l'économie française est encore assez incertain. Mais, même si les problèmes restent contenus, cela pourrait conduire à un durcissement des conditions de crédits, ce qui aurait un impact légèrement négatif sur l'activité économique au cours des prochains trimestres. Nous prévoyons une croissance de 0.7% en 2023 et en 2024, après 2.6% en 2022

 

La production industrielle française chute

L’optimisme de ce début d’année était probablement prématuré. La production manufacturière a fortement diminué en janvier en France, confirmant que l’industrie se trouve actuellement dans une phase de fort ralentissement, qui risque de continuer durant les prochains mois.
 

Chute inattendue de la production

Après les chiffres de la consommation des ménages en biens pour janvier, l’INSEE publie le deuxième indicateur d’activité effective pour le premier trimestre, la production industrielle, ce qui permet d’avoir enfin une vue précise sur la façon dont l’économie française a entamé l’année 2023.  Et les nouvelles ne sont pas vraiment réjouissantes.

La production manufacturière a fortement diminué en janvier, de -1.8% sur un mois contre une hausse de 0.2% en décembre. Pour l’ensemble de l’industrie, la chute est de 1.9% sur le mois contre +1.5% le mois précédent. La chute est due à la fabrication de matériels de transports qui baisse de 6.7% sur le mois. La production automobile diminue de 2.6% et les celle des autres matériels de transports chute de 9.5%. Cette série est néanmoins toujours très volatile, car fortement influencée par les livraisons de navires ou d’avions produits en France. Plus inquiétant, la fabrication d’autres produits industriels est également en forte baisse sur le mois (-2%) après avoir déjà diminué de 0.2% en décembre. L’industrie chimique, pharmaceutique, ainsi que celles du bois-papier et du caoutchouc-plastique voient leur production chuter sur le mois.

Ralentissement

Ces données viennent donc confirmer le signal donné par le climat des affaires et les indices PMI. Le secteur industriel français se trouve actuellement en phase de ralentissement, et ce malgré l’amélioration continue sur les chaines d’approvisionnement. Le ralentissement semble néanmoins plus important que ce que les indicateurs de confiance laissaient penser. Il semble que la demande, notamment internationale, ralenti fortement. La mauvaise nouvelle est que le ralentissement risque de continuer à se faire sentir dans les prochains mois, comme l’indique l’indice PMI de février pour l’industrie qui est redescendu en dessous de 50 en février, tombant à 47.4 contre 50.5 le mois précédent. La forte chute du prix de l’énergie sur les marchés internationaux et l’amélioration des perspectives globales qui en découle limitent peut-être l’ampleur du ralentissement, mais ne l’effacent pas complètement. Dans ce contexte de ralentissement de la demande, le haut niveau des stocks pourrait impacter négativement la production. La production manufacturière pourrait rester très peu dynamique dans les prochains mois. 

Optimisme prématuré

De manière plus générale, l’ensemble des données publiées jusqu’à présent laissent penser que l’optimisme de ce début d’année était peut-être un peu prématuré. Certes, la croissance du PIB pourrait rester en territoire positif au premier trimestre, ce qui serait un peu meilleur qu’on ne l’envisageait fin 2022. Néanmoins, meilleur que prévu ne veut pas dire bon.

De nombreux risquent pèsent sur l’économie française pour la suite de l’année. Le pic inflationniste n’étant pas encore atteint en France, le choc sur le pouvoir d’achat n’est donc pas terminé. La confiance des consommateurs demeure à un niveau très faible et la volonté des ménages d’épargner est au plus haut depuis mai 2021. Il semble que, face à l’inflation, les ménages préfèrent renforcer leur bas de laine que de puiser dedans. Tout cela va continuer à impacter la consommation dont le dynamisme restera faible. En outre, le soutien de la politique budgétaire au pouvoir d’achat va devenir moins important dans les prochains mois. Dans le même temps, le secteur de la construction reste sous pression et la hausse des taux d’intérêt risque de continuer à peser sur les dépenses d’investissements des ménages et des entreprises. In fine, le rythme de croissance de l’économie française risque de rester faible tout au long de 2023, mais aussi en 2024. Nous tablons sur une croissance de 0.7% en 2023 et en 2024.

 

L’inflation continue d’augmenter, la consommation rebondit légèrement

L’heure du recul de l’inflation n’a pas encore sonné en France, l’inflation a encore augmenté en février. Aussi bien l’inflation globale que l’inflation sous-jacente vont probablement continuer à augmenter dans les prochains mois. La consommation des ménages en biens a rebondi en janvier, mais cette hausse est en partie en trompe l’œil.
 

L’inflation augmente encore

L’heure du recul de l’inflation n’a pas encore sonné en France. En février, l’inflation des prix à la consommation s’est établie à 6.2%, en hausse par rapport au 6% observé en janvier, suite à l’accélération des prix de l’alimentation et des services. L’indice harmonisé, important pour la BCE, s’est établi à 7.2% contre 7% le mois précédent. Sur un mois, les prix à la consommation augmentent de 0.9% contre 0.4% en janvier.

Dans le détail, alors que dans les autres pays européens, la contribution de l’énergie à l’inflation devient négative, l’énergie continue de contribuer nettement à l’inflation en France. Malgré la baisse des cours pétroliers, l’inflation énergétique s’établie à 14% sur un an, contre 16.3% en janvier. En cause, la révision du bouclier tarifaire qui a conduit à une hausse des factures d’électricité des ménages de 15% en février (contre 4% en 2022), ce qui vient s’ajouter à une hausse des factures de gaz de 15% par rapport aux prix de 2022 depuis janvier. Alors que les mesures gouvernementales portant sur les prix de l’énergie avaient fait baisser de près de 3 points de pourcentage l’inflation en France en 2022, les ménages français font finalement face à des fortes hausses de leurs factures d'énergie, bien après les voisins européens. En France, l’inflation énergétique continuera probablement à contribuer positivement à l’inflation tout au long de l’année 2023.

Comme dans les autres pays, l’inflation alimentaire en France continue d’augmenter pour afficher une croissance de 14.5% sur un an en février, contre 13.3% en janvier. Alors que les négociations annuelles entre les grandes surfaces et les fournisseurs de l’industrie agroalimentaires doivent s’achever demain, le 1er mars à midi, de nouvelles hausses de prix de l’alimentations sont attendues dans les prochains mois (il est question d’une hausse des prix de l’ordre de 10% supplémentaire). L’inflation alimentaire devrait donc encore fortement augmenter jusqu’à l’été, contribuant de plus en plus à l’inflation française.

Avec la fin des soldes d’hiver le 7 février, les prix des produits manufacturés augmentent à nouveau, pour atteindre une croissance de 4.6% sur un an. Malgré la normalisation des chaines d’approvisionnement, l’indice des prix à la production n’indique pas de ralentissement des pressions inflationnistes. Au contraire, les prix de production de l’industrie française ont de nouveau accéléré en janvier, de 1.6% sur le mois contre +1% en décembre, du fait de la forte accélération des prix des produits destinés au marché français, alors que ceux destinés aux marchés extérieurs se replient. Sur un an, la croissance des prix à la production est de 14.9%. En outre, les intentions de prix des industriels ne sont qu’en très faible diminution, selon les enquêtes. Il faut donc s’attendre à une poursuite de l’accélération des prix des produits manufacturés dans les prochains mois, avant un probable ralentissement au cours du deuxième trimestre.

Enfin, l’inflation des services augmente pour s’établir à 2.9% contre 2.6% en janvier, en raison notamment d’une série de révisions de prix dans les transports.

Il faudra attendre l’été pour voir l’inflation refluer

In fine, les données de février indiquent que l’inflation française n’a toujours pas atteint son pic. Aussi bien l’inflation globale que l’inflation sous-jacente vont probablement continuer à augmenter dans les prochains mois, donnant des arguments supplémentaires à la BCE pour continuer à relever ses taux au-delà du premier trimestre. Malgré un effet de base favorable pour les produits pétroliers, il faudra probablement attendre le deuxième trimestre pour voir le pic d’inflation en France et l’été pour voir l’inflation véritablement refluer. L’inflation moyenne de 2023 sera probablement plus élevée que celle de 2022. Nous attendons 5.5% sur l’année, et 6.3% pour l’indice harmonisé, contre respectivement 5.2% et 5.9% en 2022. A la fin de 2023, l’inflation sera probablement toujours supérieure à 4%, un niveau plus élevé que la moyenne européenne. La décélération de l’évolution des prix devrait continuer en 2024, mais sera toujours lente, pour s’établir en moyenne à 2.6% sur l’année (3.5% pour l’indice harmonisé).

La consommation en biens des ménages rebondit

A côté des chiffres d’inflation, l’INSEE profite de ce dernier jour de février pour publier deux autres statistiques intéressantes. Premièrement, l’estimation finale de la croissance du PIB du quatrième trimestre, qui détermine définitivement le point de départ pour la croissance 2022, confirmée à +0.1%.

Ensuite, les chiffres de la consommation en biens des ménages pour le mois de janvier sont particulièrement intéressants car il s’agit du premier indicateur d’activité pour 2023. La grande question était en effet de savoir si l’amélioration globale des indicateurs de sentiment depuis le début de l’année allait se répercuter sur les données d’activités. Il s’avère que la consommation des ménages en biens a augmenté de 1.5% en volume en janvier, contre une baisse de 1.6% en décembre. Cette hausse est en partie en trompe l’œil. Elle est causée par une hausse de 4% sur le mois de la consommation d’énergie, qui s’explique principalement par la diminution de l’aide de l’état au payement des factures d’énergie des ménages. Le contrecoup du « chèque énergie » fait diminuer la part des dépenses en énergie prises en charge par les administrations publiques, ce qui fait augmenter d’autant la part prise en charge par les ménages. Selon l’INSEE, la consommation effective des ménages en électricité comme en gaz est quant à elle en recul en janvier.

Le chiffre des dépenses de consommation dépeint donc une image trop positive de la situation. Néanmoins, les données indiquent un rebond de la consommation des biens fabriqués (+1.3% contre -1.7% en décembre) et de la consommation alimentaire (+0.6% contre -1.9% en décembre), ce qui laisse penser que la consommation a commencé l’année sur une note un peu meilleure que celle de fin 2022. 

Le risque de récession s’éloigne, mais le dynamisme de la croissance restera faible

Ces données laissent penser que la croissance du PIB devrait être un peu meilleure que prévue au premier trimestre et rester en territoire positif. Le risque d’une récession cet hiver s’éloigne. Néanmoins, de nombreux risquent pèsent sur l’économie française pour la suite de l’année. Le pic inflationniste n’étant pas encore atteint en France, le choc sur le pouvoir d’achat n’est donc pas terminé. La confiance des consommateurs demeure à un niveau très faible et la volonté des ménages d’épargner est au plus haut depuis mai 2021. Il semble que, face à l’inflation, les ménages préfèrent renforcer leur bas de laine que de puiser dedans. Le relèvement du taux d’intérêt sur le livret A (le produit d’épargne le plus apprécié des ménages) à 3% en février risque de renforcer encore ce mécanisme. Tout cela va continuer à impacter la consommation dont le dynamisme restera faible. En outre, le soutien de la politique budgétaire au pouvoir d’achat va devenir moins important dans les prochains mois. Dans le même temps, le secteur de la construction reste sous pression et la hausse des taux d’intérêt risque de continuer à peser sur les dépenses d’investissements des ménages et des entreprises. In fine, le rythme de croissance de l’économie française risque de rester faible tout au long de 2023, mais aussi en 2024. Nous tablons sur une croissance de 0.7% en 2023 et en 2024.

 

L’économie française résiliente, selon le climat des affaires

En France, le climat des affaires s’est légèrement amélioré en février et dépeint une image d’une économie française résiliente et assez solide. Ces données laissent penser que le PIB devrait rester en territoire positif au premier trimestre.
 

Résilience

Le climat des affaires en France s’est légèrement amélioré en février, pour s’établir à 103 contre 102 pendant les cinq mois précédents, toujours supérieur à sa moyenne de long terme. L’amélioration vient du secteur des services et du commerce de détail, où les perspectives d’activités s’améliorent, mais aussi de l’industrie où les carnets de commandes sont indiqués en hausse. Dans le bâtiment en revanche, le climat des affaires se replie. En outre, le climat de l’emploi reste très solide. Stable à 110, l’indicateur est toujours bien supérieur à sa moyenne de long terme.

Dans l’ensemble, le climat des affaires dépeint une image d’une économie française résiliente et assez solide. Ces données laissent penser que le PIB devrait rester en territoire positif au premier trimestre.

Deux vitesses

De manière plus globale, l’ensemble des indicateurs publiés depuis le début de l’année semblent indiquer que l’économie française fonctionne probablement actuellement à deux vitesses. D’un côté, le secteur industriel se trouve dans une phase de ralentissement, malgré l’amélioration continue sur les chaines d’approvisionnement. La demande, notamment internationale, ralenti, comme l’indique l’indice PMI de février pour l’industrie qui est redescendu en dessous de 50 en février, tombant à 47.9 contre 50.5 le mois précédent, son plus bas depuis 4 mois. La forte chute du prix de l’énergie, et notamment celle du prix du gaz qui ne représente aujourd’hui qu’environ un tiers de son prix de la mi-décembre, et l’amélioration des perspectives globales qui en découle semblent limiter le ralentissement, mais ne l’efface pas complètement.

De l’autre côté, le secteur des services montre une résilience importante et reste dynamique. Alors que, contrairement aux autres pays européens, la confiance des consommateurs français continue de chuter, les entreprises de services sont plutôt optimistes et indiquent que l’activité se redresse. L’accumulation des affaires en attentes et les anticipations de croissance les incitent à continuer d’engager des travailleurs et à prévoir des hausses de prix encore significatives. Cette résilience du secteur des services est une bonne nouvelle pour l’économie française. En effet, les services marchands représentant 57% de la valeur ajoutée française, le dynamisme l’activité dans les services peut contrebalancer le ralentissement du secteur manufacturier, qui ne représente que 9% de la valeur ajoutée totale.

L’activité devrait continuer de croître au T1

La question qui se pose désormais est de savoir si le dynamisme du secteur des services peut continuer au cours des prochains trimestres ? Les entreprises françaises semblent le penser, l’appréciation de l’activité prévue étant en forte augmentation, selon l’enquête de l’INSEE. Des risques importants demeurent néanmoins. Contrairement aux autres pays européens, le pic inflationniste n’est pas encore atteint en France, et des augmentations encore plus forte des prix de l’énergie et de l’alimentation sont encore attendues dans les prochains mois. Le choc sur le pouvoir d’achat n’est donc pas terminé et va continuer à impacter les comportements de consommation. En outre, le soutien de la politique budgétaire au pouvoir d’achat va devenir moins important dans les prochains mois. Enfin, la confiance des consommateurs français ne se redresse pas. La consommation des ménages a déjà très largement chuté en volume au quatrième trimestre et risque de rester faible dans les prochains trimestres, au-delà des effets de rattrapages. Dans le même temps, le secteur de la construction reste sous pression et la hausse des taux d’intérêt risque de continuer à peser sur les dépenses d’investissements des ménages et des entreprises.  

In fine, les derniers indicateurs économiques pour la France laissent penser que l’activité sera probablement plus dynamique que prévu au premier trimestre 2023 et qu’une contraction du PIB devrait être évitée. L’activité devrait même continuer de croître. Néanmoins, ils ne changent pas dramatiquement les perspectives pour les trimestres suivants, où la croissance de l’activité devrait rester assez faible.   

 

La production industrielle française continue de rattraper son retard

La production industrielle française a continué de progresser en décembre, mais n’est toujours pas revenu à son niveau d’avant pandémie. Alors que le choc de 2022 doit encore être complètement digéré par les entreprises françaises, les perspectives pour 2023 restent modérées.
 

Hausse de la production industrielle

La production industrielle française a augmenté de 1.1% sur un mois en décembre 2022, après +2% en novembre, grâce à un rebond de la production d’électricité. La production manufacturière a elle augmenté de 0.3% sur un mois en décembre, après +2.4% en novembre. Ce rebond s’explique d’abord par la fabrication de matériel de transport, qui continue à rebondir après des mois de perturbation sur les chaines d’approvisionnement. La production de matériel de transport est néanmoins encore 14% inférieure à son niveau d’avant la pandémie. En décembre, la cokéfaction et raffinage progresse également rapidement, poursuivant ainsi son rétablissant après les grèves d’octobre qui avait fait chuter la production de 47% sur un mois. La fabrication de biens d’équipement est en baisse de 3.3% en décembre et la production agro-alimentaire chute de 1.7%.

In fine, sur un an, la production manufacturière française a augmenté de 3.6%. Une progression plus rapide que le PIB (+2.6% en 2022). Néanmoins, le retard de 2020 et 2021 n’a toujours pas été rattrapé. A la fin 2022, la production manufacturière française se trouvait toujours légèrement inférieur à son niveau d’avant pandémie, alors que le PIB était 1.2% supérieur. Notons également que, selon les données détaillées du PIB publiées cette semaine par l’INSEE, la valeur ajoutée du secteur manufacturier a diminué de 0.5% au quatrième trimestre 2022, malgré la hausse de la production sur la même période. 

L’année 2023 attendue en mode mineur

L'année 2022 a donc été synonyme de rattrapage pour l’industrie française. Qu’attendre de 2023 ? D’une part, grâce aux moindres difficultés sur les chaines d’approvisionnement, la production de matériel de transport devrait continuer son rattrapage, ce qui boostera l’ensemble de la production manufacturière française. D’autre part, depuis le début de l’année, l’optimisme semble être de retour grâce à la chute des prix de l’énergie sur les marchés internationaux et la réouverture de la Chine, conduisant à des révisions à la hausse des perspectives de croissance. Gare néanmoins à l’excès d’optimisme. Le choc de 2022 doit encore être complètement digéré par les entreprises françaises. Ainsi, dans une récente étude qui tient compte des types de contrats existants en France, l’INSEE estime ainsi que la plus grande partie de la hausse des factures d’électricité des entreprises doit encore avoir lieu. Alors que les factures ont augmenté en moyenne de 30% en 2022 pour les entreprises des secteurs de l’agriculture et de l’industrie, une hausse de 92% est attendues pour 2023. L’étude de l’INSEE se basant sur des données récoltées en novembre avant la dégringolade des prix internationaux de l’énergie, la hausse des factures pour 2023 est peut-être surestimée. Néanmoins, il ne fait peu de doute que les factures énergétiques des entreprises augmenteront plus en 2023 qu’en 2022 en France, et ce malgré la chute sur des prix « spots » sur les marchés. Cela risque de conduire à un affaiblissement marqué de la production industrielle. En outre, le ralentissement économique mondial, notamment en Europe et aux Etats-Unis, et la hausse des taux d’intérêts qui renchérit le coût du financement pour les entreprises risquent également de peser sur les perspectives industrielles en 2023. Dès lors, la contribution de l’industrie à la croissance de 2023 sera limitée. Nous tablons sur une croissance du PIB de 0.4% sur l’ensemble de 2023, après +2.6% en 2022.   

 

L’inflation française augmente encore en janvier

Comme attendu, alors que la plupart des pays européens commencent à voir l’inflation diminuer, le pic d’inflation n’est pas encore atteint en France. En janvier, l’inflation est repartie à la hausse, augmentant de 6% contre 5.9% en décembre. Alors que l’économie se porte mieux que prévu et échappe à la récession, le pic d’inflation est encore à venir.
 

L’inflation repart à la hausse

En janvier, l’inflation en France est repartie à la hausse, augmentant de 6%, comparé à 5.9% en décembre. L’indice harmonisé, important pour la BCE, s’est établi à 7% contre 6.7% le mois précédent.

Sur un mois, les prix à la consommation augmentent de 0.4% (contre -0.1% en décembre) en raison de la hausse des prix de l’alimentation (+13.2% sur un an) et du rebond de l’inflation énergétique. La fin de la ristourne sur le carburant à la pompe et, surtout, la révision du bouclier tarifaire qui entraine une hausse des factures de gaz des ménages de 15% (contre une hausse de 4% en 2022) poussent à la hausse l’inflation énergétique, au moment où elle baisse dans les autres pays. Alors que les mesures gouvernementales portant sur les prix de l’énergie avaient fait baisser de près de 3 points de pourcentage l’inflation en France en 2022, les ménages français font finalement face à des fortes hausses de leurs factures d'énergie, bien après les voisins européens.

Par ailleurs, l’inflation des produits manufacturés est stable à 4.6% grâce aux soldes d’hiver. La bonne nouvelle est que l’inflation des prix des services reste étonnamment faible, et se replie même pour s’établir à 2.6% en janvier contre 2.9% en décembre. Les prix des services semblent pour le moment peu touchés par les hausses de coûts et notamment par les indexations successives du salaire minimum.

L’inflation en France bientôt supérieure à la moyenne européenne

L’inflation globale et l’inflation sous-jacente pourraient continuer à augmenter en France en février. En effet, la hausse des factures d’électricité de 15% va pousser l’inflation énergétique à augmenter encore en février, et donc aussi l’inflation globale en France. Dans le même temps, l’énergie va commencer à contribuer négativement à l’inflation dans la plupart des autres pays européens. En conséquence, l’inflation française sera bientôt plus élevée que celle observée dans les pays voisins.

Au-delà des développements de l’inflation énergétique, l’inflation sous-jacente devrait continuer à augmenter également.  En effet, les enquêtes PMI de janvier indiquent que, bien que l’inflation des coûts de production commence finalement à baisser, les intentions de prix des entreprises sont encore en hausse. C’est notamment le cas dans le secteur des services, où les prix prévus selon l’enquête de l’INSEE de janvier sont au plus haut niveau depuis 1988, mais aussi dans le commerce de détail. De nombreuses entreprises font face à la première révision à la hausse de leur facture énergétique, ce qui continuera à pousser à la hausse les coûts. De plus, les quatre indexations du salaire minimum de 2022 vont continuer de conduire à des revalorisations de l’ensemble des salaires. Alors que l’économie française se porte mieux que prévu et échappe pour le moment à la récession, il est plus facile pour les entreprises de répercuter les hausses de coût passées sur les consommateurs.

Si l’on ajoute à cela qu’une série de révision annuelle des prix (notamment dans les transports) doit avoir lieu en février, il faut s’attendre à une nouvelle hausse de l’inflation sous-jacente dans les prochains mois. Cela devrait inciter la BCE à poursuivre son cycle de resserrement. La BCE souhaitera probablement voir des signes clairs de baisse permanente de l’inflation sous-jacente avant d’adoucir le ton et de stopper les hausses de taux.

In fine, l’inflation moyenne de 2023 sera probablement plus élevée que celle de 2022 (nous attendons 5.5% sur l’année, et 6.3% pour l’indice harmonisé), en France mais le profil annuel sera fondamentalement différent, avec un pic qui pourrait atteindre 6.5% au premier trimestre, puis une décrue progressive dès l’été. A la fin de 2023, l’inflation sera probablement toujours supérieure à 4%, un niveau plus élevé que la moyenne européenne. La décélération de l’évolution des prix devrait continuer en 2024, mais sera toujours lente, pour s’établir en moyenne à 2.6% sur l’année (3.5% pour l’indice harmonisé).

 

La France échappe à la récession, pour le moment

Le PIB français a augmenté de 0.1% au quatrième trimestre, permettant à l’économie française d’échapper à la récession, en tous cas pour le moment. Néanmoins, échapper à la récession ne veut pas dire rebondir fortement. Il n’y a peu de signes indiquant une reprise dynamique de l’économie française dans les prochains mois.
 

Pas de récession hivernale en France

Le PIB français a augmenté de 0.1% en glissement trimestriel au quatrième trimestre, un chiffre plus faible qu’au troisième trimestre (+0.2%) mais qui permet à l’économie française d’échapper à la récession, en tous cas pour le moment. Sur le trimestre, la consommation des ménages a nettement reculé (-0.9% contre +0.5% au T3), en raison notamment d’une baisse de la consommation alimentaire et énergétique. Mais ce recul a été compensé par la formation brute de capital, qui ralentit mais reste dynamique (+0.8% contre +2.3% au T3), et par une contribution positive du commerce extérieur, les exportations diminuant moins vite que les importations.

En moyenne sur l’année 2022, le PIB augmente de 2,6 % (après +6.8 % en 2021 et -7.9 % en 2020). Une année résiliente donc, malgré le choc important lié à la guerre en Ukraine, même si la croissance de 2022 est surtout la conséquence de la forte progression de fin 2021.

Quasi-stagnation attendue de l’activité en 2023

Pour la suite, les données laissent penser que les perspectives économiques françaises sont incertaines, mais loin d’être dramatiques. On est loin d’un saut dans le vide vers la récession. Néanmoins, échapper à la récession ne veut pas dire rebondir fortement. Loin de là. En fait, il n’y a peu de signes indiquant une reprise dynamique de l’économie française dans les prochains mois. Les indices PMI indiquent une dégradation de la demande à laquelle font face les entreprises françaises : les nouvelles commandes baissent et les ventes diminuent. La confiance des ménages est toujours à un niveau historiquement faible et les Français voient les perspectives d’un œil très négatif. En outre, l’inflation devrait encore augmenter au cours du premier semestre 2023, ce qui implique que l’évolution du pouvoir d’achat réel restera très faible, freinant le dynamisme de la consommation privée.

Au sein des entreprises, alors que les stocks de produits finis sont élevés, les nouvelles commandes sont en forte baisse, la résorption des arriérés de production pourrait donc peser sur l’activité. En particulier, la production industrielle devrait continuer à voir les difficultés d’approvisionnement se résorber, mais ferait face à une demande mondiale beaucoup plus faible et serait toujours à risque d’une nouvelle hausse importante des prix de l’énergie mondiaux. L’impact de politique monétaire plus restrictive de la BCE va commencer à se faire réellement sentir en 2023, la hausse des taux risquant de plomber l’investissement des ménages et des entreprises. Enfin, la politique budgétaire devrait être moins expansionniste, ce qui soutiendra moins la croissance économique. In fine, 2023 devrait être caractérisée par une quasi-stagnation de l’économie française sur tous les trimestres de l’année. Une légère contraction du PIB au premier trimestre 2023 n’est pas à exclure. Nous tablons sur une croissance du PIB 0.4% sur l’ensemble de l’année 2023. 2024 pourrait être synonyme d’un peu plus de dynamisme grâce à une baisse plus prononcée de l’inflation, même si celui-ci restera modéré. Nous attendons 1.2% de croissance pour 2024.

Pour voir une amélioration nette des perspectives pour l’économie française en 2023, la baisse du prix du gaz sur les marchés internationaux et la réouverture de la Chine ne suffiront pas. Il faudrait voir une amélioration nette de la confiance des ménages et des entreprises. Sans cela, une stagnation reste le scénario le plus probable pour 2023.

 

Les entreprises françaises tablent sur un ralentissement économique de courte durée

Les indices PMI et du climat des affaires sont les premières données de sentiment des entreprises françaises en 2023. Celles-ci indiquent qu’un ralentissement économique est en cours, mais qu’il pourrait n’être que de courte durée selon les entreprises. Nous sommes plus prudents et pensons qu’une quasi-stagnation de l’activité sur l’ensemble de l’année est probable.
 

Premiers regards sur le sentiment des entreprises en 2023

Depuis le début de l’année 2023, le temps clément et la baisse drastique des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux ont conduit à un optimisme généralisé et à une révision des perspectives de croissance à la hausse par le consensus. La question était donc de savoir si ce regain d’optimisme était partagé par les acteurs de l’économie réelle et notamment les entreprises. La publication aujourd’hui des indices PMI et du climat des affaires pour janvier permet de faire un premier diagnostic.

L’indice PMI composite a légèrement diminué en janvier pour le troisième mois consécutif et s’est établi à 49 contre 49.1 en décembre. C’est le secteur des services qui tire l’indice global vers le bas, dans un contexte où le boom lié à la fin des restrictions sanitaires s’amenuit. Le PMI des services a atteint en janvier son plus bas depuis 22 mois, 49.2 contre 49.5 en décembre. Dans le même temps, notamment grâce à l’amélioration de la situation énergétique mondiale, le secteur manufacturier se redresse et l’indice du secteur est repassé au-dessus de la barre des 50, pour s’établir à 50.8 son plus haut depuis 7 mois. Globalement, l’enquête PMI indique une dégradation de la demande à laquelle font face les entreprises françaises : les nouvelles commandes baissent et les ventes diminuent. Dans le même temps, les entreprises font preuve d’optimisme pour les prochains mois. Leurs perspectives d’activités et d’embauches s’améliorent. L’enquête PMI indique donc que les entreprises françaises tablent sur un ralentissement économique certes, mais que celui-ci est attendu de courte durée, avant un redressement.

Les enquêtes effectuées par l’INSEE qui permettent de calculer le climat des affaires dépeignent une situation un peu plus contrastée entre les différents secteurs. Le climat des affaires global est toujours stable à 102 en janvier, pour le cinquième mois consécutif, mais la situation sectorielle diffère nettement. Dans le commerce de gros, aussi bien l’appréciation de la demande actuelle que celle de la demande attendue s’affaiblissent. Dans le même temps, les entreprises industrielles revoient à la hausse leur appréciation de la demande actuelle et leurs perspectives pour la suite sont stables. Les entreprises du secteur des services sont beaucoup plus optimistes concernant la demande actuelle, mais voient moins positivement les perspectives générales. Enfin, l’appréciation des ventes passées et les ventes prévues est revue à la hausse par les entreprises du commerce de détail.

Globalement, toutes ces données laissent penser que les perspectives économiques françaises sont incertaines, mais loin d’être dramatiques. On est loin d’un saut dans le vide vers la récession. En outre, les entreprises indiquent que les perspectives en termes d’emploi restent très positives dans tous les secteurs.

Quasi-stagnation attendue de l’activité en 2023

Nous estimons que 2023 devrait être caractérisée par une quasi-stagnation de l’économie française sur tous les trimestres de l’année. Compte tenu de l’inflation, l’évolution du pouvoir d’achat réel restera très faible, ce qui freinera le dynamisme de la consommation privée. Compte tenu des incertitudes, de la hausse attendue (même si faible) du taux de chômage et du niveau faible de la confiance des ménages, le taux d’épargne des ménages demeura élevé et supérieur à sa moyenne historique. Les investissements des ménages en logement risquent de marquer le pas, plombés par l’inflation, le renchérissement des matières premières et la remontée des taux d’intérêt. De plus, la production industrielle devrait continuer à voir les difficultés d’approvisionnement se résorber, mais ferait face à une demande mondiale beaucoup plus faible et serait toujours à risque d’une nouvelle hausse importante des prix de l’énergie mondiaux. Nous tablons sur une croissance du PIB 0.2% sur l’ensemble de l’année 2023. 2024 pourrait être synonyme d’un peu plus de dynamisme grâce à une baisse plus prononcée de l’inflation, même si celui-ci restera modéré. Nous attendons 1.1% de croissance pour 2024.

Inflation plus élevée en 2023 qu’en 2022

Alors que la plupart des pays européens ont déjà passé le pic de l’inflation, l’inflation en France devrait augmenter encore au premier trimestre 2023. La révision du bouclier tarifaire conduira les factures énergétiques des ménages a augmenté de 15%, contre une hausse de 4% en 2022. L’enquête PMI indique en janvier que, si l’inflation des coûts de production est en baisse, l’inflation des prix facturés augmente encore. C’est notamment le cas dans le secteur des services, où les prix prévus selon l’enquête de l’INSEE de janvier sont au plus haut niveau depuis 1988, mais aussi dans le commerce de détail. Si l’on ajoute à cela le fait que de nombreux prix ne sont revus qu’une fois par an en début d’année, il faut s’attendre à une nette hausse de l’inflation sous-jacente début 2023.

En outre, la hausse des coûts de production devrait continuer à soutenir l’inflation des biens alimentaires et des produits manufacturés. De nombreuses entreprises font face à la première révision à la hausse de leur facture énergétique, ce qui poussera les coûts vers le haut. De plus, les quatre indexations du salaire minimum sur l’inflation de 2022 vont continuer de conduire à des revalorisations de l’ensemble des salaires, ce qui va pousser nettement à la hausse l’inflation, notamment dans les services, en 2023.

In fine, l’inflation moyenne de 2023 sera probablement plus élevée que celle de 2022 (nous attendons 5.5% sur l’année, et 6.3% pour l’indice harmonisé), mais le profil annuel sera fondamentalement différent, avec un pic au-delà de 6.5% au premier trimestre, puis une décrue progressive dès l’été. A la fin de 2023, l’inflation sera probablement toujours supérieure à 4%, un niveau plus élevé que la moyenne européenne. La décélération de l’évolution des prix devrait continuer en 2024, mais sera toujours lente, pour s’établir en moyenne à 2.6% sur l’année (3.5% pour l’indice harmonisé).